vendredi, avril 21, 2017

MESSE DANSÉE


MISATANGO, MESSE DE BUENOS AIRES
Enregistrement 6/2/2017, passage, semaine du 20-25/2/17/
RADIO DIALOGUE RCF
(Marseille : 89.9 FM, Aubagne ; Aix-Étang de Berre : 101.9)
« LE BLOG-NOTE DE BENITO » N° 261
lundi : 12h15 et 18h15 ; samedi : 17h30
Semaine 9

         C’est d’un disque bien singulier que nous allons parler aujourd’hui. Mais écoutons tout de suite un extrait :

1) PLAGE 1 

         Peut-être n’avez-vous pas reconnu les paroles en latin, « Gloria in excelsis deo… », qui sont celles de la messe, effectivement du « Gloria », mais sans doute avez-vous perçu la singularité de cette musique qui les porte et transporte : mais oui, on entend, dans le déploiement somptueux de ce chœur à pleine voix, le gémissement nostalgique du bandonéon, il s’agit bien du tango, du tango argentin.

         Et l’on se réjouit de ce disque Misatango ou Misa a Buenos Aires, de Martín Palmeri, par le Chœur régional Vittoria d’Île de France  et l’Orchestre Pasdeloup, Direction : Michel Piquemal  (Boris Mychajliszyn chef associé), avec, en solistes, Sophie Hanne, soprano, Arnaud Nuovolone : 1er violon solo ; Thomas Tacquet : piano et ne pouvait manquer  le bandonéon, ici de Gilberto Pereyra. CD Live, enregistré en direct, de 40’24, par les éditions Hortus, qui nous font encore cette belle surprise, un magnifique cadeau, dans la ferveur chorale et cordiale, ‘qui vient du cœur’, selon le sens de cet adjectif.
On rappellera le sens du mot « messe », terme repris de l’expression «ite missa est», ‘allez, la messe est dite’, ou ‘envoyée’ , que prononce le prêtre à la fin du rite : il s’agit de l’Eucharistie, célébration du sacrifice du corps et du sang de Jésus-Christ présent sous les espèces du pain et du vin dans l’hostie.  On distingue, depuis les origines, la petite messe ou messe basse, qui se dit sans chant, et la messe haute ou grande messe, celle qui est chantée par des choristes. En musique, une messe est un ensemble cohérent de pièces musicales pour servir d'accompagnement aux rites liturgiques catholique, anglican ou luthérien. L'effectif nécessaire était à l'origine purement choral. On se mit assez tardivement à faire accompagner par un orchestre les pièces qui la composent. Les textes chantés sont généralement en latin, mais pas forcément. Nombre de grands compositeurs ont écrit des musiques pour la messe, qui peuvent être adaptées pour des circonstances particulières, comme les Te deum, actions de grâce, les requiem ou messe des morts. On y retrouve en général les mêmes parties, le Kyrie Christe eleison, le Gloria, le Credo, Benedictus, Dies irae, Agnus dei, etc. Depuis le grégorien, les musiques en peuvent être variée. L’originalité, ici, c’est que cette messe se déploie magnifiquement sur le rythme et la musique de tango, une danse née dans les bordels de Montevideo et de Buenos Aires vers la fin du XIXe siècle, longtemps condamnée par l’Église comme danse indécente, immorale. Cette misa tango de Martín Palmeri, qui a déjà vingt ans et tourne dans le monde entier.
Mais écoutons un autre extrait, un solo par la soprano, la lumineuse Sophie Hanne, « Qui tollis peccata mundi », ‘toi qui enlèves les péchés du monde’, une partie de l’Agnus dei, qui sera repris plus loin entièrement :

2) PLAGE 4  
 Quelques mots sur le compositeur. Martín Palmeri (né en 1965 à Buenos Aires). Après de profondes études de composition, de chant, de direction d’Orchestre, titulaire de prix prestigieux. À la tête d’un ensemble choral, quelque peu frustré par la difficulté d’interprétation du tango par un chœur, morcelé par des morceaux sans cohérence entre eux, en hommage à ses choristes et au tango, il décide de composer cette œuvre à laquelle la cohérence de la messe donne une structure et une dramaturgie, allant du credo, de l’acte de foi, de la crucifixion à la résurrection, chant d’espérance pluriel. Il associe chœur, orchestre, piano, mais aussi le bandonéon, emblématique du tango. La Misatango (Messe à Buenos Aires), sera créée en 1996 à  Buenos Aires par l’Orchestre symphonique de Cuba, avec les chœurs de la faculté de Droit de Buenos Aires et  le chœur Polyphonique Municipal, dédicataires de l’œuvre. Renouant avec le succès mondial de la fameuse Misa criolla de son compatriote Ángel Ramírez, créée en 1963, composée en espagnol sur des thèmes populaires latino-américains, la Misatango commence à tourner dans le monde et finit triomphalement l’année 2016 au Carnegie Hall de New York. Après la consécration par le public, cette messe a eu l’onction et la bénédiction d’un particulier très particulier, le pape François actuel, Argentin, dont nous savons qu’il fut longtemps évêque de Buenos Aires : en effet, suprême honneur et consécration, bénédiction même, en 2013,  cette musique jadis condamnée par l’Église, est interprétée au Vatican, en l’honneur du Pape, dont on murmure, messe basse plus que haute, qu’il ne dédaignait pas de danser le tango.
Nous écoutons un extrait de la partie la plus dramatique : « Crucifixus  pro nobis», ‘crucifié pour nous ‘

3) PLAGE 8

Cette messe tournait depuis deux ans en France. Michel Piquemal en donna un séduisant concert le 19 novembre 2016, avec un couple de danseurs de tango et c’est ce concert mémorable qui a été fixé, sur le vif, par les éditions Hortus dans ce disque qui vient de la sorte combler une lacune dans le paysage choral et discographique français. Ce beau mélange de sensualité profane et de ferveur religieuse, exalté par des interprètes très engagés, autant les solistes que le chœur, en fait la troublante et émouvante singularité. Nous nous quittons sur les accents de l’Agnus dei, préludés musicalement avant la voix prenante de Sophie Hanne :

4) PLAGE 14


Misatango ou Misa a Buenos Aires, de Martín Palmeri, par le Chœur régional Vittoria d’Île de France et l’Orchestre Pasdeloup, Direction : Michel Piquemal , UN CD HORTUS.



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